Apprendre de ses erreurs : La Gauche face au Front national

Débat avec Sarah Proust au Forum sévrien : apprendre de ses erreurs

Travaillant dans le cadre de la Fondation Jean-Jaurès, Sarah Proust a parcouru la France à la rencontre des électeurs FN. But : retrouver une crédibilité du PS, grâce à une meilleure compréhension de la montée du Front National.

Elle analyse deux erreurs du PS.

 

 

1/ Erreur de jugement : mauvaise compréhension des phénomènes, avoir considéré la scission du FN en 1998 (6% aux européennes) comme la mort de l’extrême-droite. Mais 4 ans après, Jean-Marie Le Pen est au 2ème tour des présidentielles ! Dès 98, Marine Le Pen adopte une stratégie semblable à celle de Bruno Mégret : dédiaboliser pour gagner, quand Jean-Marie Le Pen ne veut que perturber. Le PS n’a pas compris le 21 avril et la stratégie de Marine Le Pen, analysé comme un accident de parcours de la gauche.

 

2/ Erreur de pratique : La droite et l’extrême-droite, c’est pareil ! Le 5 octobre 2013, le PS réunit un forum «La République face aux extrémismes». Slogan : UMP–FN ça suffit ! Le 6 octobre, le FN est en tête au premier tour d’une cantonale devant l’UMP. Les socialistes appellent à faire barrage au FN au nom du «front républicain» en contradiction avec la position de la veille. La droite traditionnelle n’a pas le même discours que le FN, acceptant une complexité des faits que le FN refuse dans un discours simpliste, à propos de l’immigration par exemple.

 

Que faire ? Regarder le FN tel qu’il est.

Marine Le Pen est l’héritière de l’extrême-droite née à la fin du XIXème siècle contre les principes d’égalité dans le contexte d’une montée de l’antisémitisme, de l’anti-élitisme, du nationalisme. Combattre Marine Le Pen est difficile avec les arguments avancés contre son père (antisémitisme et colonialisme), alors qu’elle vient d’une autre histoire. Dire «fascisme» n’a pas d’écho face à elle, dire « anti-égalitarisme » en a un.

Les villes FN sont celles où les inégalités ont explosé : délibérations contre les associations  sportives et de solidarité, la presse, les cantines scolaires et les accueils dans les écoles. La contradiction : le FN se pose en porte-parole des oubliés, c-à-d des plus pauvres, alors que dans les faits, ils sont les premières victimes de sa politique. Et cela peut être montré aux électeurs.

Il faut aussi montrer le rapport très irrationnel à la vérité du FN, ses idées fausses répétées partout. Il y a un effritement de l’esprit des Lumières dans l’opinion.

Le PS doit repenser son projet politique et le décliner en programme concret, incarner la réduction des inégalités, travailler la véracité des faits, réfléchir dans le bon sens : du projet au programme. Il nous faut retrouver le sens de l’éducation populaire, la proximité du terrain perdue. La Gauche doit réapprendre à dire au nom de qui on agit, à qui l’on parle, et contre quoi on se bat

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